Raymond Queneau

Queneau Raymond

(French)
Né au Havre le 21 février 1904, Raymond Queneau grandit au sein d’un foyer catholique relativement modeste. Fils unique, il se découvre rapidement une passion pour la lecture et les mathématiques. Il suit sa scolarité au Havre jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. Ses parents le soutiennent lorsqu’il décide de poursuivre ses études à Paris, en 1920. Il étudie tout d’abord la philosophie à la Sorbonne puis suit plus tard des cours de mathématiques. Son parcours l’amène à côtoyer les membres du mouvement surréaliste, tels que Philippe Soupault ou Michel Leiris. En 1924, après avoir effectué son service militaire, il forme avec André Breton, Jacques Prévert, Yves Tanguy et Marcel Duhamel le groupe de la rue du Château, avec qui il rédige ses premiers textes. En 1928, il épouse Janine Kahn, la belle-sœur d’André Breton. Mais peu à peu, il réalise que les considérations surréalistes du groupe ne lui permettent pas d’approfondir son art de l’écriture. Il rompt toute relation avec André Breton dès 1929, puis peu à peu avec le reste du groupe.

Les premiers livres de Raymond Queneau
Raymond Queneau connaît alors une période d’instabilité professionnelle, les quelques métiers qu’il essaie ne lui convenant pas. Il décide d’effectuer des recherches à la Bibliothèque Nationale sur les « fous littéraires », et rassemble le fruit de son travail dans l’Encyclopédie des sciences inexactes, qu’il ne parvient pas à faire éditer. Il suit alors plusieurs psychanalyses. Après un séjour régénérateur en Grèce, Queneau publie son premier roman, le Chiendent, en 1933. Cette première œuvre, à la fois drôle et pessimiste, définit clairement le style particulier et novateur de son auteur. Sans négliger l’intérêt du lecteur, il structure les paragraphes et les événements de l’histoire selon une logique mathématique rigoureuse. Avec humour et ingéniosité, il s’amuse également à confronter le langage écrit et le langage oral, bouleversant les règles de syntaxe. Il obtient un certain succès auprès des critiques, et est récompensé du prix des Deux-Magots. En 1937, malgré son caractère discret et sa pudeur, il édite Chêne et chien, un « roman en vers » autobiographique. Queneau sort du placard son Encyclopédie des sciences inexactes et la retravaille. Il en fait un roman, les Enfants du limon, qu’il parvient à publier en 1938. Sa réputation grandissante dans les milieux littéraires parisiens lui vaut une place de traducteur et de correcteur aux Éditions Gallimard.

Queneau se révèle au grand public grâce à ses “Exercices de style”
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Raymond Queneau est brièvement mobilisé en Vendée. Lui et sa famille se réfugient ensuite dans le Limousin, chez le peintre Élie Lascaux. Il se rend toutefois régulièrement à Paris pour poursuivre son travail. En 1941, il est nommé secrétaire général des Éditions Gallimard. Passionné par tout, Queneau étend même ses domaines d’activité au journalisme, notamment à la radio, vers 1945. Écrivain intarissable, il poursuit parallèlement ses productions littéraires (Pierrot mon ami, Ziaux, Loin de Rueil…). Dès 1946, il fréquente les cafés d’artistes de Saint-Germain-des-Prés. Il y fait la connaissance de Boris Vian, avec qui il partage une profonde amitié. En 1947, Queneau publie Exercices de style, son premier succès auprès du grand public. Avec beaucoup d’inventivité et d’humour, il met en scène un incident insignifiant au cœur de Paris puis le raconte quatre-vingt dix-neuf fois en utilisant quatre-vingt dix neuf styles ou procédés différents. Loin d’être ennuyante ou rébarbative, l’œuvre suscite le rire et le goût du jeu.

“Zazie dans le métro”, la consécration de Queneau
Sa vive curiosité pour toutes les disciplines le mène à intégrer, l’année suivante, la Société Mathématique de France, puis le collège de Pataphysique, où il poursuit ses recherches et ses expériences littéraires. Malgré le succès de ses publications, il rencontre des difficultés financières qui se résolvent enfin lorsqu’il prend la direction de l’Encyclopédie de la Pléiade, à partir de 1954. La parution, en 1959, de Zazie dans le métro consacre véritablement sa carrière d’écrivain. Au cœur d’un univers en décalage, il met en scène une jeune fille qui part à la découverte de Paris. Elle fait la connaissance de personnages tout aussi fantaisistes les uns que les autres. Queneau jongle ici avec l’argot, les situations délirantes et les jeux de mots pour offrir au lecteur une lecture des plus plaisantes, qui lui vaut le prix de l’Humour noir.

Raymond Queneau, fondateur de l’Oulipo
Afin d’approfondir ses recherches expérimentales sur le langage, Queneau fonde, en compagnie de François le Lionnais, le groupe de l’Oulipo (1960). Chacun tente d’y allier la logique mathématique à la création littéraire. C’est ainsi que naît Cent Mille Milliards de Poèmes, en 1961. Cette œuvre poétique nécessite la participation du lecteur, qui doit combiner les vers de différents sonnets entre eux pour créer un nombre infini de poèmes. En 1965, Queneau publie les Fleurs bleues, un roman burlesque et trompeur riche en jeux de mots et en références implicites. Il s’attelle également à la rédaction d’une trilogie poétique : Courir les rues, Battre la campagne, Fendre les flots. Il publie son dernier roman, le Vol d’Icare, en 1968. Très affecté par la mort de sa femme en 1972, Queneau interrompt toute activité durant quelques temps. Sa santé se détériore, et il doit suivre un régime alimentaire strict. Son dernier ouvrage se consacre aux mathématiques (Morale élémentaire, 1975). Raymond Queneau s’éteint le 25 octobre 1976, suite à un cancer du poumon. Considéré comme un grand mystificateur de la littérature, Queneau a su offrir des œuvres riches en humour et en profondeur. Cet érudit du XXe siècle a apporté un souffle nouveau à son art en alliant l’arithmétique à ses talents d’auteur.

Les poèmes de Raymond Queneau
Après l’obtention de son baccalauréat, Raymond Queneau rejoint Paris afin de poursuivre des études de philosophie. C’est durant cette période qu’il rencontre le groupe des surréalistes. En 1924 il les rejoint et côtoie des auteurs comme André Breton, Philippe Soupault ou encore Michel Leiris. Ces derniers l’initient très vite à la poésie et Queneau qui est passionné par le langage, développe un goût certain pour l’inventivité verbale et les jeux de mots. En 1937, il publie son premier recueil de poèmes intitulé Chêne et chien suivi des Ziaux (1943) et de Petite Cosmogonie portative (1949-1950). En 1952, son poème Si tu t’imagines est mis en musique par Joseph Kosma à l’initiative de Jean-Paul Sartre. Chanté par Juliette Gréco, ce dernier connaît un véritable succès populaire.

À partir des années 60, Raymond Queneau se passionne pour les mathématiques combinatoires. Cette passion l’inspire et le conduit à composer une oeuvre d’une grande inventivité intitulée Cent mille milliards de poèmes qui sera publiée en 1961. Composée de dix sonnets superposés, l’oeuvre repose sur le principe de la poésie combinatoire qui consiste à créer un grand nombre de poèmes en se basant sur un ensemble de vers pré-écrits. À travers ce livre-objet animé, Queneau permet aux lecteurs de composer eux-mêmes leurs propres poèmes en déplaçant les feuillets de chaque vers sous lesquels se cachent à chaque fois dix autres vers et donc dix possibilités. Selon les calculs de l’auteur, le nombre de combinaisons possibles permettrait ainsi de créer au total cent mille milliards de poèmes d’où le titre de son ouvrage. Véritable “machine à fabriquer des poèmes”, l’oeuvre de Raymond Queneau constitue ainsi une véritable prouesse littéraire et éditoriale.